mardi 13 novembre 2012

France : Vont-ils réussir à nous faire pleurer ?


En temps de crise, les malheureux sont dans les rues pour manifester contre les plans sociaux qui se multiplient, ou contre les politiques de l'Etat. Depuis hier, ce sont de très malheureux médecins et chirurgiens libéraux qui se manifestent.
Ces pauvres gens ont senti la moutarde leur monter au nez quand la méchante ministre de la Sante, Marisol Touraine, a décidé de leur imposer l'encadrement des dépassements d'honoraires. Et encore, c'est un encadrement à minima : pas plus de 150 % du tarif de la sécu. Horreur ! Mais ces pauvres gens vont être étranglés ! Non mais rendez vous compte ! C'est la mort des professions de la santé ! C'est la fin de la motivation financière qui pousse les jeunes vers la médecine spécialisée. Les pauvres futurs spécialistes ne gagneront plus qu'entre... 5 000 et 15 000 euros par mois ! Scandaleux ! Mais que ne sommes-nous pas tous dans la rue pour les soutenir ! Vraiment, qu'est-ce qui nous empêche de compatir ? Après tout, comme ils le disent eux-mêmes, ils ont travaillé dur pour pouvoir prétendre à faire ce qu'ils veulent de leurs honoraires. Ils travaillent encore dur, ne comptent pas leur temps, les consultations, les visites aux patients...
Mais, question : qu'en pensent les urgentistes qui ne comptent pas leurs heures non plus, mais restent au niveau de 1500 à 2000 euros ? Que pourrait en penser un pauvre ouvrier qui fait les 3x8, gagne un petit SMIC, ne peut se payer une mutuelle, et ne pourra donc se payer une opération, même ne coûtant qu'1,5 fois le tarif sécu ? 
Bof ! Ces pauvres gens étranglés n'y pensent pas... Ils hurlent au scandale, pendant que l'ouvrier se tait. Et dire que certains osent affirmer que notre société marche à l'envers...
Ci-contre : le chemin qu'il faudra parcourir entre les commissions de la sécu, l'ordre des médecins, l'administration... pour obtenir la condamnation d'un médecin qui aura excessivement dépassé ses honoraires. Autant dire qu'ils n'ont vraiment pas à avoir peur... (dans Le Canard Enchaîné, 17 octobre 2012).

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