jeudi 29 novembre 2012

La Révolution comme si on y était, suite


Face à la pression royale et le feu des critiques, la détermination de l’Assemblée nationale !

            Le vent de nouveauté qui souffle sur la scène politique du royaume depuis quelques semaines – et particulièrement depuis ce serment prêté par les députés du Tiers-Etat à la salle du Jeu de Paume le 17 juin, puis leur constitution en Assemblée Nationale trois jours plus tard, et encore maintenant leur refus d’obéir aux injonctions royales en fin de séance le 23 juin – semble faire grincer des dents à certaines personnes, montrant que la monarchie, même affaiblie, n’a pas perdu ses bases, et que le Tiers-Etat va avoir fort à faire pour prouver sa légitimité politique.
De fait, les défenseurs de la monarchie se manifestent face à la nouvelle Assemblée nationale, aussi appelée Communes. L’Anglais Arthur Young accuse les Communes de vouloir tirer profit de la misère du peuple pour l’appeler à leurs côté, et donc de refuser toute initiative visant à tenter d’améliorer la situation, en particulier celles venues des ordres privilégiés. Rivarol impute pour partie aux Communes l’échec du discours du Roi lors de la séance royale du 23 juin, tout comme il l’impute aussi au Roi et à son conseil. Ce texte qui, selon lui, aurait pu devenir la Constitution de la France, est arrivé en retard et n’a pas été livré d’une manière déterminée. Les Communes n’auraient de leur côté pas accepté de s’être vues réduites à rien par l’initiative royale alors qu’elles se sont données pour mission de réformer par elles-mêmes le royaume. Il voit aussi dans l’absence de Necker ce même 23 juin l’une des raisons au très mauvais accueil fait à la déclaration du Roi, ainsi qu’à l’effroi qui s’est emparé du peuple du Palais-Royal à l’arrivée des comptes-rendus de cette séance. Le Roi et Necker ont cependant tenu à rassurer très rapidement ce peuple effrayé, le premier en faisant appeler le second et en s’entretenant avec lui, le second en se montrant en personne devant tous ces gens venus le soutenir pour les rassurer sur son avenir au gouvernement du royaume. Beaucoup voient en lui l’une des clés d’un avenir radieux, une idée répandue dans le peuple.
Indispensable Necker ? Il n’était pas là lors du serment du Jeu de Paume, pas plus qu’il n’était présent lors de la Constitution du Tiers-Etat en Assemblée Nationale. Alors présent ou pas présent lors de la séance du 23 juin, quelle est la probabilité que Necker eût fait changer la réaction du Tiers-Etat ? Elle est certainement très faible car comme le dit bien Mr Rivarol, Necker n’est pas venu car certains points de la déclaration royale avaient été changés par rapport au texte qu’il avait suggéré. Mais ce ne sont que certains points, ce qui veut dire qu’il était d’accord pour le reste. Or, le Tiers-Etat a rejeté ce texte « constitutionnel » dans son entier car l’Assemblée qu’il compose s’est donné pour raison d’être de donner elle-même sa Constitution au royaume. La popularité de Necker est immense, mais il n’est pas pour autant indispensable dans la réalisation de cette mission. Dans le fond, il n’a jamais eu la force ni forcément voulu apporter les changements nécessaires, ne serait-ce que pour assainir les finances du royaume. Et vue la détermination du Tiers à refuser de se retirer pour délibérer séparément des deux autres ordres – en témoignent les réponses de Bailly ou de Mirabeau qui ont été rapportées –, il est clair que l’Assemblée fera tout pour y arriver, avec ou sans lui. Seul l’avenir nous le dira
Mais que l'on se rassure, les velléités de changement et de progrès ne trouvent pas d’ennemis qu’en France. Sur un autre sujet mais sans aucun état d’âme, les négriers anglais ont anticipé il y a peu le changement que pourrait initier leur gouvernement à propos de la traite des esclaves. Il serait en effet question d’adopter un « bill » abolissant l’esclavage. Levée de bouclier ! Ce serait pour eux une catastrophe irréparable. Pour parler brièvement mais concrètement, tout objectif humanitaire à cette loi est illégitime selon eux, ce serait une catastrophe économique et pour les marchands d’esclaves, et pour les plantations coloniales, enfin des intérêts financiers sont en jeu, non seulement pour eux mais aussi pour les planteurs et négriers espagnols et américains. La belle solidarité des capitalistes négriers ! 




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