Le beau geste de Carlos Ghosn

Sa Majesté est trop bonne avec ses sujets de Renault ! 

Il paraîtrait que Sa Majesté Carlos Ghosn, pédégé de Renault, a, dans sa grande magnanimité, décidé de renoncer cette année à 30 % de la part variable de sa rémunération de 2012. Ce qui représenterait un sacrifice de 430 000 euros. Mais qu'on se rassure pour lui. S'il consent à cet effort pour ses sujets, c'est qu'il le peut. Une fois le sacrifice fait, il lui restera tout de même un million d'euros, rien que de rémunération variable chez Renault. Sans parler de ses 12 millions de rémunération normale comme patron de Renault et Nissan réunis.... En fait, vu comme ça, 430 000 euros, c'et une paille ! 

Une seule condition : il ne s'y pliera que si les syndicats acceptent de poignarder les salariés dans le dos en signant l'accord social de compétitivité que Sa Majesté tente d'imposer depuis quelques temps, malgré de soit-disant négociations. Un accord qui prévoit tout de même la suppression de 8260 emplois en France, ou encore le gel des salaires en 2013.

Mais, est-ce que cela ne s'appellerait pas du chantage Votre majesté ? Parce qu'en gros, cela veut dire : "Soit vous signez l'accord de compétitivité, même s'il vous est défavorable, et dans ce cas je ne licencie personne et, dans ma grande bonté, je lâche 430 000 euros ; soit vous ne signez pas et dans ce cas, je ferme, je licencie et je garde mon fric !"

Mais ce que Sa Majesté chante beaucoup moins fort, c'est que les 30 % de sa rémunération variable auxquels il renonce aujourd'hui lui seront reversés en 2016. Donc, Sa Majesté renonce à 430 000 euros cette année avec la garantie de les retoucher dans 3 ans, ce qui ne lui apportera pas énormément de problèmes de fin de mois. Les salariés, quant à eux, pour conserver leur emploi, doivent subir un gel des salaires sans la garantie que cette situation évoluera favorablement dans les années suivantes. Et pour beaucoup en revanche, le coût de la vie renchérissant en permanence, les fins de mois seront donc de plus en plus difficiles... Sans compter les cadences de plus en plus infernales qui leurs seront imposées, car avec moins de personnel engagé, Sa Majesté tient tout de même à ce que les volumes de production prévus soient respectés.

Voilà qui sent le marché de dupe, non ? Et dire que ce sont les syndicats qui demandaient depuis quelques temps à Sa Majesté de faire un petit effort sur sa rémunération. Situation admirablement retournée Votre Majesté...